Côte d'Ivoire
Le député Alain Lobognon, un des lieutenants de l’ancien chef rebelle Guillaume Soro, a arrêté jeudi sa grève de la faim à la prison d’Agboville (nord d’Abidjan) après 16 jours de protestation, selon une déclaration transmise à l’AFP par son épouse Amira.
“Après 16 jours de privation de nourriture, qui visait à réclamer la fin de nos détentions (“prisonniers politiques”), j’ai mis fin, ce jeudi 16 juillet, à cette protestation pacifique (…) contre notre emprisonnement sans procès, injuste, illégal et arbitraire”, écrit M. Lobognon pour son 52e anniversaire.
M. Lobognon dit avoir “fait suite aux requêtes de ma mère, de mon épouse, de mes filles et des membres de ma grande famille, à qui j’ai imposé des peines sans leur consentement”.
Son épouse Amira Lobognon s’est plainte auprès de l’AFP du “durcissement des conditions pour voir son mari”.
M. Lobognon est un proche de Guillaume Soro, ancien allié du pouvoir devenu opposant, candidat déclaré à l‘élection présidentielle d’octobre 2020, en exil en France. Il a été arrêté fin décembre 2019, à la suite du retour avorté de M. Soro en Côte d’Ivoire, accusé de tentative d’insurrection.
Son immunité parlementaire a été levée le 20 janvier.
Seize autres membres du parti de Guillaume Soro – dont quatre autres députés – ont été arrêtés en Côte d’Ivoire entre le 23 et le 31 décembre 2019.
Challenger sérieux
Amnesty International avait protesté contre les conditions de détention de M. Lobognon en avril. L’ONG jugeait alors “très suspectes” les poursuites contre M. Soro et ses partisans, “les accusations semblant être motivées par des considérations politiques”.
“Ce jour de mes 52 ans, depuis ma cellule de prisonnier politique, j’en appelle à la réaction du président de la République (Alassane Ouattara) et je lui demande de faire respecter son serment constitutionnel. M. le Président, mettez fin à nos détentions. La justice (…) est aujourd’hui méconnaissable”, dit-il.
“La Côte d’Ivoire doit mettre fin aux détentions abusives, illégales et arbitraires d’opposants politiques”, écrit-il aussi.
“En Côte d’Ivoire, nul ne doit croire qu’un adversaire politique en prison ou en exil, est une chance de plus pour gagner une élection (…) En tout état de cause, mes amis et moi avons librement choisi de soutenir une cause juste qui repose sur la tenue d‘élections justes, inclusives et démocratiques”, conclut-il.
Longtemps allié du président Alassane Ouattara, qu’il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, M. Soro, qui fut son premier Premier ministre, puis président de l’Assemblée nationale, s’est ensuite brouillé avec lui, jusqu‘à la rupture début 2019.
M. Soro est considéré comme un challenger sérieux pour la présidentielle par les analystes politiques.
Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui fait 3.000 morts, la prochaine présidentielle s’annonce tendue.
AFP
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